Se dirige t-on vers un retour à 3 opérateurs dans le mobile ?

Les opérateurs mobiles sur le marché français : Orange, SFR, Bouygues Telecom, et Free

Sommaire :

  1. Pourquoi le régulateur a t-il autorisé un 4ème opérateur à arriver sur le marché ?
  2. L’arrivée de Free Mobile a déclenché une guerre des prix sans précédent
  3. Les opérateurs souhaitent tous un retour à 3 acteurs
  4. Qu’en conclure ?

Pourquoi le régulateur a t-il autorisé un 4ème opérateur à arriver sur le marché ?

Un retour à 3 opérateurs mobiles est-il possible ?La grogne des consommateurs et des associations de consommateurs commençait à se faire sérieusement entendre à partir de 2007/2008. En effet, la France était le pays d’Europe dans lequel les consommateurs payaient le plus cher leur forfait mobile. Et la condamnation à une amende record des trois opérateurs historiques pour entente sur les prix et entraver à la libre concurrence dans les télécoms n’a rien arrangé.

C’est pourquoi le régulateur des télécoms a jugé bon de lancer un appel d’offre en France afin de faire venir sur le marché un nouvel acteur, qui serait alors le quatrième opérateur mobile français disposant de ses propres infrastructures réseau (autre que les MVNO ou opérateurs virtuels donc).

C’est ainsi que l'État mis en vente des nouvelles bandes de fréquences afin qu’un nouvel opérateur puisse opérer sur le territoire français. Free Mobile s’est porté candidat et a remporté l’appel d’offre, en raflant au passage des fréquences à bas coût. Cela lui a valu les foudres de ses concurrents qui ont dénoncé un rabais non justifié sur le prix des fréquences accordé à Free Mobile. Le régulateur des télécom et l’Etat se sont défendu en justifiant le faible prix par le fait que le nouvel entrant allez devoir sortir énormément d’argent en très peu de temps pour construire un réseau national, et payer une redevance à plusieurs milliards d’euros à un des opérateurs pour utiliser un réseau déjà existant les premières années.

Free paye en effet une somme astronomique à Orange pour utiliser ses antennes lorsque ses abonnés se situent dans une zone non couverte par ses propres antennes. Ce contrat d’itinérance est en effet très onéreux, et Free Mobile se doit de terminer rapidement la construction de son réseau pour se libérer de ce contrat.

En effet, les consommateurs n’hésitent plus à comparer les forfaits, leur qualité de service et leur prix sur de nombreux sites comme que-chosir, mezabo.fr, ou encore selectra.fr, et ils se rendent bien compte que la qualité de service n’est pour l’instant toujours pas au rendez-vous par rapport aux concurrents. Free a donc grand intérêt à terminer la construction de son réseau propre très rapidement pour offrir une qualité de service optimale. 

L’arrivée de Free Mobile a déclenché une guerre des prix sans précédent

C’est donc en janvier 2012 que le nouvel opérateur Free Mobile se dévoile, par l’intermédiaire de son patron Xavier Niel qui n’hésite pas à tacler très sévèrement ses concurrents, en les traitant de voleurs et leurs clients de pigeon. Rien que ça ! Le séisme est lancé : Free Mobile dévoile des offres jusqu’à 5 fois moins chères que les autres opérateurs, avec beaucoup plus de services.

Les consommateurs se sentent trahis par leurs opérateurs, et ils résilient en masse leur abonnement. Free Mobile gagne plusieurs millions de clients dès la première année d’existence, et les autres opérateurs sont considérablement affaiblis financièrement : SFR et Bouygues télécom en sont les premiers touchés.

A tel point que Bouygues télécom est au bord du gouffre en 2015. Plusieurs offres de rachat de ce dernier ont capotés au dernier moment à cause de Martin Bouygues qui en demandait un prix trop élevé. Bien mal lui en a pris puisque 5 ans plus tard, l’opérateur à recouvré sa santé financière.

Cependant, les marges des opérateurs ne sont plus assez conséquentes pour assurer le développement et la maintenance de quatres réseaux distincts. Des mutualisations en zones peu denses ont lieu entre Bouygues télécom et SFR afin de réduire les coûts et tenir  les engagement de couverture, mais cela n’est pas suffisant.

Les opérateurs souhaitent tous un retour à 3 acteurs

Que ce soit Orange, SFR, Bouygues Télécom ou encore Free Mobile : tous disent publiquement vouloir un retour à 3 opérateurs, mais aucun ne se déclare à vendre. C’est là que se compliquent les choses, car la volonté est bel est bien présente, mais aucun ne souhaite est le petit malheureux que les autres avalent tout cru ! C’est donc bien une guerre d’égo qui se joue en même temps qu’une guerre des prix.

Le gendarme des télécoms est lui aussi favorable à un retour à 3 opérateur. Selon l’ARCEP et son président, cela favoriserait l’investissement dans les infrastructures réseau existantes, tout en accélérant le déploiement de la 5G grâce à des marges plus confortables que pourraient tirer les opérateurs.

Orange déclare que le marché à besoin cela pour tenir la tête hors de l’eau et délivrer une qualité de service optimale aux consommateurs. Cependant, par la voix de son président Stéphane Richard, l’opérateur confirme n’être ni vendeur ni acheteur. En effet, ses finances se portent plutôt bien, et ayant déjà trop de parts de marché en France, il n’est pas envisageable qu’Orange acquiert un autre opérateur. Cela serait d’ailleurs refusé immédiatement par l’autorité de la concurrence qui y verrait alors une manoeuvre visant à obtenir un monopole à termes.

Qu’en conclure ?

Il est bien difficile de tirer une conclusion de cela. En effet, chaque année depuis maintenant cinq ans, un retour à 3 opérateurs est annoncé comme quasi-sur, inévitable et même vitale. Cependant, les années passent et rien ne se passent. En résumé : personne n’est à vendre, et tout le monde est acheteur. Et sans impulsion claire et net de la part de l’ARCEP, il est difficilement envisageable de voir un opérateur se faire racheter par un autre au cours de l’année 2019 ou 2020.  Free Mobile est en tout cas l’opérateur le plus mal en point financièrement : il lui appartient donc de réussir son redressement dans les 24 prochains mois, c’est une question de survie.

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